Parmi tous les lieux de tournage que j’ai eu la chance de visiter, il en est un pour lequel j’éprouve un attachement tout particulier : le château d’Anet.
C’est en 1993, tout jeune passionné (à l’époque je disais “fan”) de James Bond, que je m’y suis rendu pour la première fois. Pourquoi Anet ? D’abord parce que le lieu se trouvait tout près de chez moi, mais surtout parce que j’ai toujours eu un faible pour Thunderball. Sans être le meilleur de la saga, je le considère comme la quintessence de la « Bond Mania », l’âge d’or de James Bond.
Je n’avais aucune préparation particulière, ni plan, ni documentation (c’était avant les iPhone et bien avant Internet !). La séquence du film était simplement gravée dans ma mémoire. Nous étions en février, comme lors du tournage, et il faisait aussi froid qu’en 1965. Un souvenir incroyable.
Depuis, je suis bien sûr retourné à Anet de nombreuses fois mais ce n’est qu’en 2022 que j’ai entrepris, avec mon ami François, de réaliser le reportage le plus complet possible.

L’accès au château reste très limité : certaines zones où le film a été tourné ne sont pas ouvertes au public, et les prises de vue ne peuvent se faire qu’avec autorisation. Après plusieurs démarches, nous avons enfin pu parcourir tous les endroits où James Bond affrontait Jacques Bouvard… sur les traces d’une scène mythique de la saga.
La Chapelle – Château d’Anet (Eure-et-Loire)
Fidélité : ★★★★ – Accès : ★☆☆
Toute visite du château d’Anet débute par la chapelle. Contrairement au film, où l’on pourrait croire que les lieux sont très éloignés les uns des autres, la chapelle se trouve en réalité juste à droite de l’entrée principale : elle fait directement face au château.
Dans les premiers instants du film, on distingue le splendide sol en marbre d’origine romaine, dont les veines claires répondent, comme en écho, à la coupole qui domine la chapelle.
C’est ce décor authentique que Bond et Mlle Laporte (Mitsouko) contemplent depuis le balcon intérieur. Celui-ci reste malheureusement inaccessible aujourd’hui, mais avec un objectif grand angle, on parvient presque à reproduire le cadrage exact du film. Mis à part le mobilier et l’absence du cercueil, rien n’a changé : tout est immédiatement reconnaissable.
Pour le tournage, la production fit appel à deux authentiques enfants de chœur anétains — Michel Bahuon et Georges-Pierre Marche — qui interprètent leur propre rôle dans le film. Quant au curé-doyen d’Anet, le chanoine Bridet, il fut promu conseiller technique de la production.
Le prêtre officiant dans la séquence, quant à lui, est incarné par Albert Michel, acteur français non crédité au générique.
La cour située à l’avant de la chapelle est, elle aussi, quasiment inchangée. On remarque simplement que l’herbe s’étend un peu plus loin devant la chapelle et que quelques arbres ont été plantés depuis.
L’entretien du jardin est impeccable ! Les plans éloignés furent filmés depuis la terrasse, à l’endroit même où Bond décolle avec son jet-pack.
La Salle de la garde – Château d’Anet (Eure-et-Loire)
Fidélité : ★★★★ – Accès : ★☆☆
Pour poursuivre la visite, il vous faudra attendre l’une des visites guidées du château.
Au premier étage, on accède à la salle de garde, là même où James Bond affronte le colonel Jacques Bouvard. Bond y attend son adversaire, confortablement installé dans un fauteuil rouge qui ressemble énormément à l’un de ceux encore visibles aujourd’hui. La guide n’a pas pu nous confirmer s’il s’agissait du même modèle, mais la ressemblance est frappante.
Il faut noter que les photos sont interdites, sauf autorisation préalable. Nous avons toutefois obtenu de la guide un court moment pour photographier les différents plans. Il a fallu être rapide et précis, car l’immense salle avait été pleinement exploitée par l’équipe de Terence Young lors du tournage.
Le montage très nerveux de la séquence accentue le caractère brutal de l’affrontement entre Jacques Bouvard (Bob Simmons) et James Bond. Le mobilier, bien sûr, a changé depuis, mais plusieurs éléments architecturaux demeurent identiques : la cheminée monumentale et les portes sont parfaitement reconnaissables. La salle a été restaurée depuis, mais conserve toute son authenticité.
Les tapisseries visibles à l’écran, en revanche, ont malheureusement disparu en 1997, lors de l’incendie de l’atelier de restauration où elles étaient entreposées.
L’escalier de Diane et le Parc – Château d’Anet (Eure-et-Loire)
Fidélité : ★★★★ – Accès : ★★☆
Pour redescendre au rez-de-chaussée, vous emprunterez le célèbre escalier de Diane, connu pour son élégance et sa rampe sculptée en pierre. C’est par cet escalier que le colonel Bouvard accède à la salle d’armes, ce qui est assez cohérent dans la mise en scène du film. N’hésitez pas à prendre des photos, ici c’est autorisé !
Pour accéder au parc est, une autorisation préalable est nécessaire. C’est dans les premiers mètres de cet immense espace que le colonel Bouvard arrive à bord de sa Lincoln Continental Stretched Limousine. Les plans sont relativement faciles à reproduire, même si certains éléments du jardin ont changé depuis le tournage.
L’ambiance sur place était différente de celle du film : celui-ci a été tourné entre le 15 et le 22 février, quand toutes les feuilles des arbres étaient tombées, alors qu’en plein mois d’août, la végétation est encore bien verte.
La terrasse – Château d’Anet (Eure-et-Loire)
Fidélité : ★★★★ – Accès : ★★★
Une fois sortis du bâtiment, il nous reste encore un lieu à contempler au sein de l’enceinte du château, ou plutôt sur celle-ci : l’endroit d’où James Bond décolle avec son fameux Jet Pack.
Bien évidemment, ce lieu n’est pas ouvert à la visite libre. Il n’offre pas le même intérêt artistique que le reste du domaine, et il y a également une question de sécurité. Même si l’édifice est régulièrement entretenu, cette partie du château a un peu souffert du temps. On remarque d’ailleurs les dégradations par rapport aux images du film.
La séquence du film a été tournée en deux temps. D’abord, le 18 février, les raccords avec Sean Connery et le faux décollage ont été réalisés — avec une réplique du Bell Rocket Belt légèrement différente de l’original. La véritable séquence de vol, d’une durée de 19 secondes (pour une autonomie totale de 21 secondes !), a été filmée le 15 mars par la seconde équipe, devant plus d’une centaine de curieux. C’est le pilote d’essais Bill Suitor qui était aux commandes.
L’accès à la terrasse se fait uniquement accompagné par un guide, sur demande spéciale. Après avoir emprunté un escalier de service, nous arrivons enfin sur ce lieu mythique. James Bond, quant à lui, y accède par une porte du château qui, selon notre guide, cache en réalité… un simple placard ! Nous aurions aimé passer un peu plus de temps sur place, mais nous ne voulions pas abuser de la gentillesse de notre guide. Côté photographie, nous avons manqué l’angle parfait : il aurait fallu se placer un peu plus sur le petit pont menant à la porte pour une photo. Mais quel pied de se trouver là haut !!
Place du Château – Château d’Anet (Eure-et-Loire)
Fidélité : ★★★★ – Accès : ★☆☆
Si vous voulez manger dans le même restaurant que Sean Connery et Terence Young, c’est ici ! Le restaurant s’appelait l’Hôtel du cheval blanc en 1965.
À la sortie (ou avant de rentrer !), on se retrouve sur la place du château, là où la célèbre scène avec l’Aston Martin DB5 a été tournée. Certes, quelques modifications liées à l’urbanisme ont légèrement transformé le décor, mais on reconnaît parfaitement les lieux, et le frisson de la scène culte est toujours bien présent !
Comme pour la séquence du Jet Pack, le tournage s’est déroulé en plusieurs étapes, avec deux Aston Martin : une « roulante » pour les déplacements, et l’autre équipée des gadgets mythiques.
Les pompiers d’Anet ont même été mis à contribution, puisque de véritables lances incendie ont été installées sous la voiture pour créer le nouveau gadget de la DB5.
Anet est une occasion incroyable, à moins de deux heures de Paris, pour revivre l’une des scènes les plus emblématiques de la saga. Ne passez surtout pas à côté de la visite du château de Diane de Poitiers : c’est sublime ! Et souvenez-vous, il n’y a pas que James Bond dans la vie 😉 — le château et son domaine méritent pleinement le détour.
• L’échos républicain de Chartres – Février 1965
• La République du centre – Février 1965
• www.chateau-d-anet.com
• musee-renaissance.fr
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Julien Abauzit (JaBoz)





















































