Le spot mythique du rocher de From Russia With Love est connu depuis de nombreuses années. Ce site, quelque peu difficile d’accès, a sans doute permis à l’équipe de tournage de profiter d’une tranquillité toute écossaise lors de l’été 1963.
Au-delà de ce plan emblématique — et de quelques autres fréquemment partagés sur les réseaux sociaux par la communauté — de nombreux angles n’ont jamais été photographiés. Toute la poursuite entre la camionnette et l’hélicoptère a été filmée sur les hauteurs, et notre objectif était de reconstituer l’intégralité de la séquence, y compris les plans aériens, grâce à notre petit drone.
Les rochers de Bond – Leckuary (Argyll and Bute)
Fidélité : ★★★★ – Accès : ★★☆ (une petite marche)
La veille, après notre magnifique aventure dans la région de Crinan et sur les conseils de Ross, nous avions dîné dans ce fish and chips. une adresse à recommander !
Depuis notre camping à Oban, il faut environ une heure pour rejoindre Leckuary. À la sortie de la localité, on quitte la route principale pour emprunter une piste caillouteuse, avant de se garer face à la barrière de la propriété.
On passe le portail, puis on suit le chemin sinueux entre les moutons jusqu’à la dernière maison. Au passage, un épouvantail censé représenter Sean Connery nous fait sourire… sans grande conviction.
Les propriétaires des lieux sont désormais habitués à voir passer les visiteurs bondiens. Malheureusement, il n’y avait personne le jour de notre venue. Il paraît qu’ils sont très accueillants et qu’ils accompagnent parfois les visiteurs les moins aguerris jusqu’au rocher.
Comme pour le Loch Laggan et la rivière Pattack, le droit de passage est public : on peut donc accéder au site en toute légalité.Le sentier devient ensuite un peu plus pentu, mais rien de difficile. On atteint le fameux rocher en une trentaine de minutes depuis le parking.
En arrivant sur les lieux, impossible de ne pas penser à l’ambiance du tournage de l’été 1963.
Après avoir sillonné tout le sud de l’Angleterre à la recherche de paysages convaincants, l’équipe finit par poser ses valises ici, à Leckuary. Les techniciens débarquent le 30 juin, et dès le lendemain, les premières prises sont lancées.
Mais tout ne se passa pas sans encombre. Dès la première journée, la fameuse « camionnette de fleurs » — une Chevrolet C10 Apache — sortit de la route à la première prise. L’hélicoptère dut repartir se ravitailler pendant qu’on réparait la roue du véhicule. Le mauvais temps, fidèle compagnon des tournages écossais, ne facilita rien non plus.
Malgré cela, Terence Young et son équipe parvinrent à capturer plusieurs plans d’action entre deux averses, jusqu’au 4 juillet, où tout fut à nouveau interrompu… cette fois à cause d’un problème d’embrayage sur l’hélicoptère !
Quand on connaît ces anecdotes, on mesure encore mieux le mérite de l’équipe et la complexité de la séquence finale. Ce décor paisible a, en réalité, été le théâtre d’un tournage plutôt chaotique.
Le rocher est donc la première Bond location de la journée. On se rend vite compte que toute la séquence a été filmée de manière assez logique d’un point de vue géographique, depuis le point le plus élevé du site.
Arrivés sur place, on constate que le rocher oblique n’est plus là — ni même brisé à proximité. Était-il factice ?
Tous les gros plans de Connery ayant été tournés en studio (comme c’était souvent le cas à l’époque, pour mieux maîtriser la lumière), il est plausible que la production ait apporté un rocher factice, construit spécialement pour l’occasion.
Sur l’une de mes photos, j’ai d’ailleurs réalisé un petit comparatif entre les deux.
En prenant un peu de recul, on retrouve les plans de l’hélicoptère en flammes — on distingue bien le rocher à côté de l’appareil.
À quelques dizaines de mètres, on découvre le second rocher, celui qui permet à Bond d’échapper à un passage en rase-mottes de l’hélicoptère du SPECTRE.
Peu à peu, on reconstitue ainsi toute la séquence, plan après plan.
Poursuite en hélicoptère sur le plateau – Crinan (Argyll and Bute)
Fidélité : ★★★★ – Accès : ★★☆ (une petite marche)
Pour la suite, il faut parcourir environ 200 mètres sur la piste empruntée par Bond et Tania en camion. Elle est aujourd’hui bien moins utilisée qu’en 1963 : entièrement recouverte d’herbe, alors qu’elle apparaissait bien plus terreuse à l’écran.
On arrive alors sur un vaste plateau, une zone d’environ 500 mètres où furent tournés de très nombreux plans : l’arrêt de la camionnette, plusieurs prises de l’hélicoptère avec des montagnes différentes en arrière-plan…
Comme pour la poursuite en bateau, l’équipe du film a exploité au maximum ce terrain de jeu, multipliant les angles et les variations de perspectives. On y trouve même plusieurs plans « miroirs », permettant à Peter Hunt de monter la séquence en donnant l’illusion d’une continuité, malgré des prises tournées dans des directions opposées. À l’écran, cela fonctionne plutôt bien — même si la scène a, il faut l’avouer, un peu vieilli.
Peter Hunt : « La poursuite en hélicoptère est une séquence composée de différents plans tournés dans des conditions très difficiles. Terence a fait tout ce qu’il a pu dans ces circonstances et tourné énormément d’images pour couvrir le déroulement complet de la séquence. Comme toutes ces images ne se raccordaient pas toujours bien, il a fallu faire preuve d’un peu de créativité pour que cela fonctionne. Nos rapports étaient excellents, et il m’encourageait toujours, même lorsque je faisais des choses invraisemblables avec ses plans. En voyant une séquence montée, il trouvait parfois de nouvelles idées. C’est ainsi que nous construisions et améliorions certaines scènes. »
Nous avons sorti le drone pour réaliser deux plans aériens inédits. On se rend alors parfaitement compte que la végétation environnante s’est considérablement densifiée depuis le tournage.
Pour retrouver et cadrer tous les plans, il nous a fallu près d’une heure : rien n’était évident à repérer. Et, une fois encore, les midges se sont montrés particulièrement pénibles pendant nos longues pauses de repérage… mais cela fait partie du charme et des souvenirs !
Un peu plus loin, on retrouve la zone où Sean Connery est attaqué par l’hélicoptère volant à très basse altitude. Il n’a pas toujours été évident de retrouver tous les angles, car même si, au premier abord, rien ne semble avoir changé, la végétation a tout de même modifié l’ambiance du site.
Plan d’ouverture – Loch Crinan (Argyll and Bute)
Fidélité : ★★★★ – Accès : ★★☆ (une petite marche)
Pour conclure la journée, nous avons retrouvé, environ 500 mètres plus loin, l’angle du plan aérien d’ouverture de la séquence. Avec le drone, il a fallu prendre un peu de hauteur pour recoller presque parfaitement au cadrage du film — une vraie satisfaction.
Après une redescente un peu nostalgique de notre dernier site écossais du séjour, nous avons pique-niqué sur place avant de reprendre la route vers l’Angleterre, pour notre dernière nuit.
Merci à David Llewelyn Egan
• Les archives de James Bond – Paul Duncan
• Googlemaps
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Julien Abauzit (JaBoz)


































